Voici le thème qui nous intéresse depuis quelques semaines et qui va nous occuper encore quelques jours. Il faut dire que le sujet est vaste et surtout sensible !
Pourquoi travailler sur les émotions ?
Je vous en ai déjà parlé à plusieurs reprises sur le blog et les réseaux sociaux, nous traversons une période difficile avec Mila. Elle présente de fréquents et forts débordements émotionnels, en particulier des crises de colères. En causes : elle ne veut pas se lever, pas aller à l’école, pas se laver les dents, pas s’habiller, pas manger, pas dormir, pas ranger, pas prêter ses affaires, faire toute seule (sauf que juste avant quand vous lui avez demandé de faire toute seule, elle ne voulait pas et quand vous finissez par faire car vous allez être en retard c’est une crise monumentale car elle voulait le faire!!!)… Tout est sujet à conflit. Mila a affirmé son caractère très tôt, ce n’est donc pas la première fois. De mémoire, la première période difficile a eu lieu vers ses 1 an et demi (la période du non, de l’affirmation de sa personnalité). A cette période, j’étais également enceinte de Taïs et je passais un concours. Très fusionnelle avec Mila (je vous en parlais ici), je lui consacrais jusqu’alors tout mon temps. Depuis, elle a toujours du mal à accepter que j’ai d’autres préoccupations (projets travaux, blog…) Il faut dire que quand je m’investis dans quelque chose, j’ai un peu de mal à faire la part des choses et mon esprit est accaparé. Autour de ses 2 ans, il y a eu à nouveau une phase compliquée.
La nouvelle période difficile dure depuis 4 mois avec des crises qui sont plus fortes et fréquentes. Il faut dire que la fin d’année a été mouvementée avec son entrée à la maternelle. Si cette nouvelle étape s’est plutôt bien passée dans l’ensemble, cela reste un gros changement pour un enfant (la vie en collectivité, les règles, de nouvelles émotions, les apprentissages scolaires…). Puis son petit frère s’est mis à marcher, empiétant alors sur son univers. Il accapare aussi beaucoup l’attention avec ses bêtises. Puis il y a eu son anniversaire en novembre et ensuite Noël, donc beaucoup d’excitation. Je pensais que ça passerait après les fêtes mais non.
La situation est devenue vraiment difficile à vivre au quotidien. Tout d’abord, pour Mila, pour qui j’imagine que ces débordements émotionnels sont éprouvants. Ça me fait vraiment mal de la voir se mettre dans des états pareils. Cela se répercute sur son sommeil avec des couchers compliqués et des nuits agitées (je vous en parle ici). Ce manque de sommeil se traduisant par une mauvaise humeur, une plus grande susceptibilité et irritabilité. Un cercle vicieux! L’ambiance de la famille aussi s’en trouve affectée. Chaque moment de la journée est appréhendé. J’essaye de faire en sorte que les choses la contrarient le moins possible ! Mes nerfs sont mis à rudes épreuves. La fatigue physique et psychologique mettent à mal mes objectifs de bienveillance. Je me demande souvent comment en est-on arrivé là ? Où est passée ma petite fille si aimante, calme et joyeuse ? Où est passée ma bienveillance des débuts ? Où est passée notre relation mère-fille si sereine ?
C’est pourquoi c’est un sujet qui me tient beaucoup à cœur et que j’étais vraiment impatiente de commencer. Prendre du temps pour l’éveil et le développement de ses enfants est important. Mais si le reste du temps partagé est fait de colères, de cris, de pleurs, de mots durs, de mal être, je ne vois pas l’intérêt. Ma priorité actuelle est vraiment de faire en sorte que l’ambiance à la maison soit plus agréable pour tout le monde, que mes enfants se sentent heureux, sereins, aimés, compris et que je me sente en harmonie avec l’éducation que j’adopte. Je veux permettre à mes enfants de grandir dans une famille apaisée et épanouie.
Dans l’introduction de son livre Au cœur des émotions, Isabelle Fillozat confirme d’ailleurs qu’à notre époque actuelle, nourrir le quotient intellectuel de nos enfants est insuffisant, que nous devons nous préoccuper de leur quotient émotionnel. Elle explique que « le succès dans nos sociétés actuelles passe par la confiance en soi, l’autonomie et l’aisance relationnel. Les aptitudes à la communication et la maitrise de ses émotions sont devenues au moins aussi importantes que les compétences techniques. Pour réussir dans sa vie personnelle comme professionnelle, l’intelligence du cœur est plus fondamentale que jamais. »
Je terminerai cette partie sur mes motivations à travailler sur les émotions par cette phrase de Stéphanie Couturier « Un enfant qui grandit dans une famille qui accueille les émotions sera un enfant épanoui et deviendra un adulte bienveillant.«
Être un parent bienveillant
Pour moi, ce travail sur les émotions avec Mila ne peut pas se faire sans un travail de mon côté. Comment l’aider à mieux vivre ses émotions si je ne sais pas comment fonctionnent les émotions chez l’enfant ni même les façons de les accompagner au mieux ? Comment lui dire de ne pas crier si moi-même je le fais ? Il était donc nécessaire de me documenter pour mieux comprendre les émotions chez l’enfant. Je devais aussi être cohérente dans ma démarche, en repensant ma parentalité, ma façon d’éduquer mes enfants, ma communication avec eux.
C’est donc naturellement que je me suis tournée vers les livres sur la parentalité, et plus particulièrement sur l’éducation bienveillante.
J’ai commencé à m’intéresser à l’éducation bienveillante vers les 2 ans de Mila. Nous traversions une période difficile. Elle refusait tout ce qu’on lui demandait et ça finissait souvent en cris et pleurs. Je me rendais compte que les punitions et les cris ne servaient à rien. J’ai alors cherché un livre sur l’éducation positive dont j’avais entendu vaguement parler et j’ai jeté mon dévolu sur « J’ai tout essayé ! » d’Isabelle Filliozat (Editions Marabout). Un titre qui me parlait beaucoup ! J’ai appliqué les conseils donnés quelques temps et je ne sais pas pourquoi je suis revenue à mes anciennes mauvaises habitudes. Enfin, je pense que la fatigue a beaucoup joué, Taïs, qui avait 6 mois, commençait à me solliciter plus, le coucher et les nuits étaient compliquées. C’est dans ce moment que je craquais le plus ! Et forcément quand on ne dort pas assez, on ne peut pas non plus donner le meilleur de soi-même la journée.
Pour ma part, j’ai été éduqué avec les recettes éducatives traditionnelles (fessée, cris, punitions). Quand Mila est née, je n’ai pas trop réfléchi à la façon dont je l’éduquerai. Et j’avoue ne pas me souvenir de du discours que je tenais quant à l’éducation de mes enfants. Je me souviens en revanche que je vivais avec ma fille une relation sereine, de fusion, d’amour, de protection, de bienveillance. Je devais protégée ce petit être que j’avais tant désirée, lui apporter ce qu’il y a de meilleur. Il y a quelques mois, je me suis rendue compte que je m’étais éloignée de ce chemin. Je punissais mes enfants, il m’est arrivé de mettre des fessées à Mila, j’ai parfois été brusque dans mes gestes, dures dans mes mots. Mila a commencé à me dire « je t’aime pas », « t’es pas gentille ». Je l’ai entendu gronder son frère comme il m’arrivait de le faire avec elle. Cela m’a renvoyé une image de moi que je n’aime pas du tout, une image d’une maman qui n’est pas celle que je veux être et qui me peine énormément. J’ai alors dit stop. Je n’ai plus remis de fessée à Mila, j’essaie de ne plus punir, je crie beaucoup moins (même si la fatigue me fait parfois oublier mes bonnes résolutions).
J’ai senti une amélioration au niveau du comportement de Mila, ce qui m’a encouragé à poursuivre dans ce sens. Mais les crises n’ont pas pour autant disparue et je me sentais complètement démunis. Je ne voulais plus crier, ni punir mais que faire ? Parfois il m’arrivait d’être trop laxiste ou de faire appel à mon conjoint pour « jouer le mauvais rôle ». J’ai ressenti le besoin d’être guidée. J’ai donc constitué une collection de livres pour m’aider à éduquer mes enfants avec bienveillance.
Je n’ai pas encore lu entièrement tous ses livres mais ce que j’ai lu m’a beaucoup aidé dans mon travail avec Mila. Ces livres m’ont aussi fait du bien, en me déculpabilisant. Loin d’être moralisateurs, ils nous rappellent au contraire combien être parent est difficile et que nous ne sommes pas infaillibles. Être parent n’est pas inné, c’est un métier qui s’apprend tous les jours. Être un parent bienveillant demande d’apprendre à écouter (les émotions de) ses enfants et les respecter, mais aussi de faire la même chose avec soi-même.
J’ai également fait une formation sur la parentalité bienveillante.
Aider mon enfant à accueillir ses émotions
La première chose à faire pour aider Mila et Taïs est de considérer leurs émotions. C’est-à-dire écouter et respecter leurs émotions (ne pas les minimiser) et les accompagner dans ces vagues émotionnelles par ma présence et mon amour. Ce qui rejoint ma partie précédente : avoir une attitude bienveillante. Dans son livre Mon cours de relaxation pour les enfants, Stéphanie Couturier explique que ce regard et cette parole bienveillantes permettent à l’enfant de préserver son estime de lui-même, de reprendre confiance et ainsi d’aborder leur vie affective différemment. Cette bienveillance doit être présente lors des débordements émotionnels mais aussi au quotidien. Stéphanie Couturier parle de « nourrir avec bienveillance la sphère émotionnelle de chacun« , en étant attentifs à nos propres comportements (dont les enfants s’imprègnent), en parlant de nos propres émotions, en verbalisant les points positifs de notre enfant, en soulignant le plaisir des bons moments…
En parallèle de ce travail personnel (sur lequel je continue de progresser à travers mes lectures), j’ai aussi travaillé avec Mila sur les émotions. Il s’agissait de lui apprendre à identifier ses émotions, à les traduire avec des mots mais aussi à développer son empathie.
-
Une sélection de livres sur les émotions
Comme pour chaque thématique que nous abordons, je m’appuie sur les livres pour expliquer les choses, les illustrer mais aussi comme support à la discussion.
J’ai constitué une sélection de livres sur les émotions, avec des livres qui expliquent le fonctionnement des émotions, qui définissent et illustrent les différentes émotions mais qui aident aussi à faire face à ses émotions.
J’ai également fait des sélections sur certaines des émotions : la colère mais aussi les peurs liées au sommeil et l’amour que je vous avais déjà présenté dans des précédents articles.
-
Comprendre les émotions
– D’un point de vue physiologique
Pour cela, j’ai proposé à Mila un atelier Découverte du corps humain. L’objectif était de lui faire comprendre ce qu’est une émotion, comment ça fonctionne, comment les émotions se manifestent à travers le corps et comment les contrôler avec le corps.
– A l’aide d’une représentation mentale : la maison des émotions
Il s’agit d’une métaphore inventée par Stéphanie Couturier, auteur du livre Mon cours de relaxation pour les enfants (Editions Marabout), pour faciliter la compréhension des états émotionnels chez les jeunes enfants (2-9 ans) tout en les déculpabilisant. Cette image permet aussi aux parents de ne pas confondre l’enfant et les émotions pour préserver sa confiance en lui. Je vous en parle davantage dans ce post.
Pour intégrer cette image, j’ai proposé à Mila de représenter sa maison des émotions.
-
Reconnaitre et nommer les émotions
Après avoir lu et relu nos livres qui définissent et illustrent différentes émotions, j’ai proposé à Mila différentes activités visant à reconnaitre et nommer les émotions.
– A l’aide de livres-jeux
Deux livres de notre sélection se prêtent particulièrement bien à cet exercice, en invitant à deviner les émotions à partir d’indices pour l’un ou à reconstituer des combinaisons émotion/scène (situation et expression du visage) pour l’autre. Je vous en parle plus en détails dans ce post.
– Le jeu des émotions
Il s’agit d’un jeu que j’ai crée pour apprendre à reconnaître et nommer des émotions, à partir de différents types de visuels qu’il faut associer : des photos, des dessins, des émoticônes et la météo des émotions. L’idée étant que Mila associe des images, des symboles aux différentes émotions pour l’aider à mieux les comprendre et les identifier.
J’ai représenté 9 émotions : la joie, la colère, la tristesse, la peur, l’amour, la timidité, la fierté, la déception et la surprise.
Retrouvez le jeu et les différentes manières d’y jouer dans cet article.
– Reconnaitre des émotions en photos
J’ai trouvé ce fichier sur le blog Mon bazar coloré. Il s’agit de 24 photos d’hommes, de femmes et d’enfants représentant 6 émotions (la joie, la tristesse, la colère, la peur, la sérénité et le dégoût). Travailler sur les photos apprend à l’enfant à reconnaitre les émotions chez les autres et à développer son empathie. J’ai utilisé ce fichier avec les émoticônes de mon jeu des émotions.
-
Reproduire les émotions
Reproduire les émotions pour mieux les assimiler. Pour cela, j’ai utilisé différents supports. Cliquez sur les titres pour avoir la présentation détaillée de chaque activité.
– Mimer des photos
– Faire/voir ses émotions en photos
Télécharger le fichier avec les 16 émotions
– Reproduire des expressions de visage avec des magnets
– Dessiner des émotions
– Têtes à modeler
-
Être attentif aux autres
Les activités de reconnaissance des émotions, au-delà de permettre à Mila de mieux comprendre les différentes émotions pour être capable de les exprimer, contribue également à développer son empathie. Mais j’ai également proposé deux activités dont c’est le but direct.
– Dessiner les énergies
Cette activité créative consiste à dessiner l’aura énergétique qui se dégage de chacun de nous au gré de nos humeurs. On peut ensuite s’entrainer à repérer ces bulles au quotidien. Cet exercice permet de devenir plus attentif à l’autre et ce qu’il dégage. Voir les explications dans ce post.
– L’expérience du riz
Mila est parfois dure dans ses mots. Elle me dit « je t’aime pas », « j’aime pas Taïs », « Taïs, il est moche », etc. Je veux lui faire comprendre que les mots peuvent être blessants. J’ai découvert cette expérience sur le compte Instagram de @melayalo. Je me suis un peu plus renseignée sur cette expérience du riz, qui a été imaginée par une japonaise pour montrer l’influence de l’esprit (des mots) sur la matière.
Cela consiste à mettre un peu de riz dans deux bocaux stérilisés sur lesquels on note/dessine quelque chose de positif et de négatif. Chaque jour, pendant une à deux semaines, on dit des phrases gentilles au bocal avec le mot positif et des phrases méchantes au bocal avec le mot négatif. On le replace à chaque fois dans l’obscurité (je l’ai mis dans une boite en carton dans un placard).
Le riz est censé moisir plus vite dans le bocal ayant reçu des phrases négatives.
L’expérience a été concluante puisque le riz du bocal rouge a noirci plus vite que celui du bocal jaune. Il faut savoir que l’on a fait correctement l’expérience la première semaine. On avait alors quelques grains de riz un peu plus moisi dans le rouge que le jaune. Et puis les microbes sont passés à la maison, on ne disait plus les mots de façon quotidienne, jusqu’à ne même plus toucher aux bocaux. Et en les ouvrant ce matin (soit plus d’un mois après), la différence entre les deux bocaux est vraiment flagrante.
-
Thématiques des émotions
Chaque année, je propose aux enfants une thématique des émotions, en général à la rentrée car les émotions sont souvent mises à rudes épreuves.
Des aides au quotidien
Outre les différentes activités ponctuelles que j’ai proposé à Mila, j’ai aussi mis en place différentes aides au quotidien pour inciter Mila à exprimer ses émotions, pour apprivoiser ses peurs liées au sommeil, pour extérioriser son anxiété, pour apaiser ses colères et pour être plus sereine. Cliquez sur le titre pour avoir les détails.
Retrouvez d’autres idées d’activités sur les émotions sur mon tableau Pinterest Activités émotions.